2007/10/14

ECOPOLIS, VIEILLE RECETTE?


Jacques Attali, chargé par Sarkozy d'une mission pour la libération de la croissance française vient de rendre son rapport. Parmi les propositions, une m'intéresse particulièrement, celle concernant la création de 10 villes nouvelles nommées ECOPOLIS.

Et là un vieux souvenir de mes cours d'urbanisme à l'école d'architecture remonte. Ville nouvelle, concept développé à la fin des années 70, sensé déjà résoudre la question du malaise des grands ensembles - eh oui, c'est un très vieux problème! - et de l'isolement pavillonnaire.

Déjà en 1965, "La ville nouvelle rompt avec le modèle traditionnel de la grande ville, pour lui substituer une ville qui se veut moins imposante et plus verte, constituée de petites unités urbaines séparées les unes des autres, entre lesquelles seraient maintenus terrains agricoles et zones d’espaces verts. De ce point de vue, la ville nouvelle visait une forme d’exemplarité en matière de qualité de vie."

Déjà en 1965, "L’ambition des villes nouvelles était aussi d’ordre économique."

Déjà en 1965, "L'ambition des villes nouvelles était la conception d’un habitat atténuant le plus possible les effets ségrégatifs."

Déjà en 1965, l'objectif des villes nouvelles était de "répondre à la demande de logements et à la saturation du centre historique."

Aujourd'hui les objectifs de ces nouvelles villes nouvelles définis par cette commission comme des "espaces urbains durables" sont l'intégration de l'emploi, de logements et d'activités économiques dans un même environnement, sans distinction, en préconisant la mixité sociale tout en proposant un cadre de vie qualitatif.

Je suis sidérée.

Le même constat... 40 ans plus tard... et pire la même solution proposée alors que l'échec de la première expérience est une évidence. La ségrégation par la qualité de l'habitat a bel et bien eu lieu. Les pauvres occupent les logements collectifs de mauvaise qualité et les riches investissent les zones pavillonnaires. Les espaces extérieurs n'ont pas été aménagés. Bref, dans la majorité des cas, la qualité du cadre de vie n'est pas au rendez-vous!

Haaaaaaa, la lutte des classes, vieille rhétorique mais tellement d'actualité!
Mais quand comprendra-t-on que définitivement les riches n'ont pas envie de vivre à côté des pauvres!

Et vice versa?

Et ce n'est pas l'objectif de sauver la planète qui fera bouger les choses puisque cette bataille met plus que jamais dos à dos ceux qui ont de l'argent et ceux qui n'en n'ont pas!

Et c'est là où la proposition d'Attali est ... tendancieuse. Parce qu'il recycle un vieux concept, celui des villes nouvelles, mais le pare de la nouvelle marotte, le développemement durable. En effet, les ECOPOLIS devraient non seulement résoudre la question de la mixité sociale, de la relance de la croissance économique mais en plus être exemplaires quant à l'aspect environnemental de l'ensemble de ses constructions. Tout ça à grands renforts de panneaux solaires et d'éoliennes posés ça et là dans les immenses parcs et jardins aménagés entre les zones construites....

Je suis fatiguée de ce rôle écrasant que les politiques décident de faire jouer à la ville en général et à l'architecture en particulier alors même qu'ils placent la question des moyens financiers de chacun au coeur du problème en mettant systématiquement en avant des solutions techniques coûteuses et donc hors de portée de la plupart des citoyens.

A l'échelle d'une maison et même d'un immeuble de logement, une installation de panneaux solaires, ça coûte très cher. Question d'investissement à la base et de temps d'amortissement en retour.

J'ai compris depuis longtemps que la tabula rasa ou, à l'opposé, la fabrication totale, complète, de la ville au milieu des champs était sans issue...

Le développement durable n'ouvre pas de nouvelles portes à ce sujet et Jacques Attali ment en laissant croire le contraire. Sauf s'il implique dans cette bataille les promoteurs immobiliers et les contraint à penser autrement. Autrement, ça veut dire, moins dans le profit immédiat et plus dans le souci du bien être de chacun, compte en banque fourni ou pas!

Mais là, je bascule dans l'utopie... Et pourquoi pas? Attali s'y complet lui, non?

Je préfère admettre que les pauvres et les riches vivent chacun de leur côté mais qu'au moins on prête un minimum d'attention à la qualité de vie de ceux qui, demain, ne feront pas partie de la "France des propriétaires" si chère à Sarkozy.

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