2007/08/14

QUAND LE SYNDROME DE LA FOURMI MENE A L'ART

La crise environnementale explose au grand jour. Raz-de-marée médiatique. Pas un journal télévisé sans son reportage sur le nouveau ciment qui absorbe le CO2 ou l'immeuble du futur autosuffisant en toutes sorte d'énergies. Pas un magazine sans son dossier spécial "sauver la planète". Pas un site sans son onglet vert. Il existe même depuis quelques mois, une toolbar spéciale "Ecolo-info" qui, une fois installée, recense pour vous tous les sites, blogs et dernières news à consulter! De quoi y passer ses jours, ses nuits et ses insomnies.... De quoi trouver des dizaines de sujets à traiter mais aussi de se sentir bombardé d'infos, mineures, majeures, insolites, tristes, débiles, drôles, vraies, fausses, vérifiées ou pas... De quoi tourner en rond, aussi!

Je sauve quoi de tout ce magma?
J'agis comment, où?
Je me fais le relai de quelles infos?
Sous quel angle?

Avec l'ultra-médiatisation de la crise environnementale vient le sentiment d'impuissance. Je suis victime du syndrome de la fourmi, terrassée un samedi après-midi par le sentiment de découragement face à l'ampleur de la tâche et de la quantité d'infos à digérer.
J'ai beau me répéter qu'en la matière, chaque geste compte, pour améliorer notre quotidien, pour ancrer de nouvelles habitudes, je flippe parce que je ne vois pas comment le travail des fourmis va porter ses fruits sans être relayé et encadré par des décisions politiques fortes qui assureront une rééducation profonde et massive de notre rapport à la consommation.

Au fait, qui sait ce qui se passe au grenelle de l'environnement?

Pour l'instant, très peu relayé par l'ensemble des médias pré-cités. Ok, c'est les vacances pour (presque) tout le monde mais, Juppé parti, le boulot reste.
- Est-ce qu'ils discutent des mesures à prendre pour favoriser la décroissance matérielle? Comment expliquer qu'elle est indispensable. Comment changer les mentalités sur le sujet pour que cette idée n'effraie plus personne, les entreprises comme les consommateurs?
- Est-ce qu'ils réfléchissent aux dispositions à prendre pour favoriser le transfert des richesses matérielles vers d'autres types de richesses, par exemple:
- peut-être qu'avoir moins de téléphones portables pourrait permettre d'avoir plus d'instituteurs dans les écoles
- peut-être qu'avoir moins de 4X4 permettrait d'avoir plus de personnel dans les hôpitaux

Ne soufflez pas quand j'écris qu'il faut collectivement, dans les pays développés, que nous diminuions la consommation matérielle au bénéfice de politiques plus sociales. Ou alors soufflez si vous voulez, parce qu'après tout, chacun est libre de penser ce qu'il veut.

Je pense que pour que la classe politique bouge, il faut qu'elle se sente observée, attendue, au moins sur les objectifs qu'elle avait annoncé.
Et si ce sujet nous, vous intéresse vraiment, alors il est logique que nous regardions aussi de ce côté-là de l'agitation que suscite aujourd'hui l'urgence écologique.

La pollution est en train de devenir une marchandise comme les autres et nous l'acceptons. Parce que pour l'instant, nous regardons trop souvent ce problème avec nos yeux de consommateurs et notre pouvoir d'achat alors qu'il nous faudrait l'aborder aussi et peut-être surtout en tant que citoyens.

Je suis désolée quand je vois que le principe de l'écotaxe d'abord promise aux industriels a changé de cible sous la pression des grandes entreprises. Son champ d'application fait désormais porter, de la même manière, à tous les individus et sans distinction de revenus, le poids économique des efforts à faire. NOT FAIR!

Au secours, pardon - comme on dit maintenant - si j'ai plombé l'ambiance mais ça va mieux en le disant!

Et comme il faut bien donner un peu d'air à tout ça, je vais conclure ce post en vous parlant du travail d'un artiste repéré parmi toutes les images à caractère environnemental charriées ce samedi par le net, la télé et le papier.
L'artiste en question est finlandais et s'appelle Iikka Halso. A travers la réalisation de nombreux photos montages dont la première série "Restoration" démarre en 2000, il fait entrer au musée la question du délitement de notre environnement naturel en mettant en scène des protocoles de restauration d'objets vivants, arbres, champs comme on a plutôt l'habitude d'en voir autour des bâtiments historiques qui tombent en ruine.


Untitled (1) from the series ”Restoration”, 2000


Untitled (3) from the series ”Restoration”, 2000

En 2003, il entame une nouvelle série intitulée "museum of nature". C'est l'étape suivante qui traduit l'échec de la première tentative de restauration mais aussi son analyse de l'avenir de notre environnement et surtout de notre incapacité à en prendre soin. Après avoir tenté d'illustrer la réparation nécessaire de la nature malade, il est passé au stade supérieur par la mise en scène de la sauvegarde de morceaux de paysage, comme autant de témoignages d'une nature promise à la disparition.


Museum I, from the series ”Museum of Nature”, 2003


Kitka river, from the series ”Museum of Nature”, 2004

Ok, c'est pas non plus l'optimisme incarné mais c'est beau et c'est un moyen pas comme un autre de se réconcilier avec la planète qui part en sucette. Parce que si tout roulait, le travail d'Iikka Halso n'existerait pas!