2007/09/05

BAS DE PLAFOND

Hier dans le Parisien, Delanoe est sorti du bois, enfin du buisson, pour annoncer son envie d'une nouvelle mandature. Vu que ça fait un mois qu'il fait du vélo sans les mains, les yeux exorbités et les doigts en V, on va dire que c'était le non scoop de la journée!. Bref, de son itv, bilan mais pas trop, j'ai retenu cet extrait:

Allez-vous construire des tours, malgré le veto des Verts ?
Sur cette question, j'ai affronté une coalition de conservateurs de droite et de gauche, ainsi qu'une vraie réticence des Parisiens. Pourtant je pense que, sur un territoire limité à 105 km2, quand on a une ambition économique, il faut accepter de dépasser parfois les 37 mètres de hauteur, aux portes de Paris et avec de vraies exigences écologiques et architecturales. Je ferai d'ailleurs en sorte que ce débat se clarifie au cours des sept mois qui nous séparent de l'élection...


Je suis très curieuse de ce débat qu'il annonce puisque dans le cadre de l'agence dans laquelle je travaille, nous avons réfléchi à cette question et autant le dire tout net, sur le sujet, nos interlocuteurs parisiens n'étaient pas franchement prêts à faire péter le plafond, à savoir les fameux 37m, même si c'est l'objectif affiché du patron!

Pourtant, l'intention est bienvenue puisque la question de la hauteur est directement liée à celle de la densité et en matière d'impact écologique réduite des constructions, la densité est une des clés du problème.

A Paris comme dans toutes les grandes capitales le foncier coûte un bras donc quand un investisseur achète du terrain, il a l'obligation de le rentabiliser par un maximum de mètres carrés construits. D'où le peu de surface au sol laissée libre pour des jardins de coeur d'îlots, de parcs publics, de jardins partagés.

Constat: Les promoteurs immobiliers pilanthropes, ça n'existe pas!

Or, si le plafond des hauteurs des constructions été relevé (franchement), les mètres carrés qui assurent la rentabilité pourraient être construits tout en libérant de la surface au sol pour l'aménagement de jardins, si possible non privatisés. D'autant qu'aujourd'hui, il est très facile de réaliser des jardins, privatisés ceux-là, dans les étages supérieurs ou sur les toits des immeubles de grande hauteur.

Dutch Pavillon Hanovre 2000 - MVRDV

Jardin à l'étage - Dutch Pavillon Hanovre 2000 - MVRDV

Toit - Dutch Pavillon Hanovre 2000 - MVRDV


Mais voilà, pour sauter la barrière, il y a notamment 2 préjugés auxquelles il faut faire la peau:
- l'image de la tour, traumatisante pour la France depuis l'expérience des grands ensembles. Mais une tour, ce n'est pas forcément un empilement d'appartements minuscules derrière des façades dans lesquelles on cherche désespérément les fenêtres, au pied desquelles on s'emmerde parce qu'on a pas de boulot et donc pas de thunes. Ca c'est le problème du politique et ce n'est donc pas seulement celui de l'architecture.
- l'architecture. Justement. Parlons d'enveloppe. Paris a un problème avec la matière. Paris est figée dans la vieille pierre, voire pire dans la fausse vieille pierre. Or construire une tour, des tours, un quartier de tours, c'est se préoccuper en particulier de la lumière naturelle, celle qui entre dans les appartements et aussi celle qui doit arriver jusqu'au pied des tours. Pour ça, il faut construire avec des matériaux qui ne stoppent pas et n'absorbent pas la lumière mais au contraire, qui la laisse pénétrer largement dans les appartements ou bien la reflète de façade en façade jusqu'à ce qu'elle touche le sol. Et à ce jeu là, la pierre, même la fausse, ne fait pas l'affaire.

Mettre un jour les pieds à New York, c'est comprendre ça. Le choc de la qualité de la lumière au pied des buildings. Le choc du poumon vert au coeur de Manhattan et l'hyper densité tout autour.

Alors évidemment Paris n'est pas Manhattan. Au mettre titre que l'architecture n'est pas un dessin.
Vouloir débattre de la question des immeubles de grandes hauteurs, donc de la densité en passant par sa représentation, c'est fusillé le débat avant même de l'avoir entamé. La densité n'est pas représentable ou alors elle est effrayante. Et les verts crient au scandale.

Parfois, je me dis que si Manhattan avait du être entièrement représentée avant d'être réalisée, Manhattan n'existerait pas. Trop trash.

C'est pourquoi placer les nouvelles exigences écologiques au coeur de la réflexion sur les immeubles de grandes hauteurs est une véritable opportunité car elles poussent à se questionner sur des sujets bien plus importants que le beau ou le moche, l'ancien ou le neuf, le trop bas ou le trop haut.
Car elles placent au premier plan des questions indépendantes de nos à priori esthétiques à savoir la qualité de la vie offerte à l'intérieur des constructions, espace, surface, lumière..., on en rêve tous, et la recherche des solutions les plus performantes pour consommer moins, moins d'électricité, d'eau, de gaz... et ça on en rêve tous aussi!

1 commentaire:

Le stress : une maladie de civilisation a dit…

Bonjour, très joli blog, je suis un écologiste sans doute non conventionnel. Je ne crois pas que le retour à la terre soit l'avenir de l'écologie. Cet avenir est pluôt du coté de projets novateurs, et souvent de grande hauteur !